Les cépages oubliés du Var : un héritage viticole à redécouvrir

Découvrez les cépages oubliés du Var, un trésor viticole caché. Explorez le Tibouren, le Rolle et d’autres variétés ancestrales qui font la richesse de la Provence.

Au-delà du rosé, l’héritage caché des vignobles varois

Lorsque l’on pense aux vins du Var, l’image d’un verre de rosé frais dégusté sous le soleil de Provence vient immédiatement à l’esprit. Pourtant, derrière cette carte postale se cache un patrimoine bien plus riche et complexe. Les cépages oubliés de la région constituent un véritable trésor, une mémoire vivante du terroir que des vignerons passionnés s’efforcent aujourd’hui de faire revivre. Ces variétés ancestrales, délaissées au profit de raisins plus productifs ou plus à la mode, sont la clé d’une viticulture authentique et durable.

Explorer ces cépages oubliés, c’est entreprendre un voyage dans le temps et redécouvrir des saveurs uniques qui racontent l’histoire du Var. C’est aussi comprendre comment le passé viticole peut offrir des solutions d’avenir, notamment face aux défis climatiques. Loin d’être de simples reliques, ces raisins sont une promesse de diversité et de caractère pour les vins de demain.

Qu’est-ce qu’un cépage oublié ?

Un cépage est qualifié d’« oublié » lorsqu’il a été progressivement abandonné par les vignerons au fil des décennies. Plusieurs raisons expliquent ce phénomène : la crise du phylloxéra à la fin du XIXe siècle, qui a dévasté le vignoble européen, la standardisation des goûts, ou encore la recherche de rendements plus élevés qui a favorisé une poignée de cépages internationaux.

Dans le Var, des variétés locales parfaitement adaptées au climat et aux sols ont ainsi failli disparaître. Contrairement aux stars que sont le Grenache, la Syrah ou le Cinsault, ces cépages oubliés offraient souvent des rendements plus faibles ou demandaient un soin plus attentif. Leur réintroduction actuelle n’est pas un simple effet de mode, mais une démarche réfléchie visant à préserver un patrimoine génétique et culturel inestimable.

Les trésors cachés du vignoble varois

Le Var abrite plusieurs de ces pépites que les vignerons remettent au goût du jour. Chacune apporte une touche unique au paysage viticole provençal, offrant des profils aromatiques distincts et une véritable signature de terroir.

Le Tibouren : l’âme des rosés de Provence

Originaire de Grèce ou du Moyen-Orient selon les légendes, le Tibouren est un cépage emblématique du littoral varois. Il se distingue par son élégance et ses arômes délicats de garrigue, de fleurs blanches et parfois d’une subtile amertume en finale qui lui confère une grande fraîcheur. Fragile et exigeant, il a longtemps été cantonné à un rôle mineur dans les assemblages. Aujourd’hui, les vignerons qui le maîtrisent en tirent des rosés gastronomiques d’une finesse incomparable, bien loin des standards.

Le Rolle : la fraîcheur méditerranéenne

Plus connu en Italie sous le nom de Vermentino, le Rolle est un cépage blanc qui connaît un succès grandissant. Sa vivacité et ses arômes d’agrumes, de poire et de fenouil en font un allié de choix pour produire des vins blancs secs et désaltérants. Il a l’avantage de bien résister à la chaleur, conservant une belle acidité même lors des étés caniculaires. Cette résilience explique en partie pourquoi de plus en plus de domaines varois lui consacrent des parcelles entières, anticipant les effets du réchauffement climatique, une préoccupation partagée par les vignerons du Roussillon.

Le Mourvèdre : la puissance de Bandol

Bien que jamais totalement disparu, le Mourvèdre reste un cépage moins connu du grand public mais essentiel à l’identité de l’appellation Bandol. Exigeant une maturation lente et complète, il donne des vins rouges puissants, structurés, aux arômes de fruits noirs, de cuir et d’épices, capables de vieillir magnifiquement pendant des décennies. Il entre également dans la composition des célèbres rosés de Bandol, leur apportant structure et potentiel de garde. Redécouvrir le Mourvèdre, c’est comprendre comment une technique ancestrale peut sauver un millésime et définir l’excellence d’un terroir.

Pourquoi faire revivre ces cépages oubliés ?

La renaissance des cépages oubliés n’est pas motivée par la seule nostalgie. Elle répond à des enjeux très concrets pour la viticulture moderne.

Les vignerons y voient plusieurs avantages majeurs :
– Une réponse au changement climatique : Beaucoup de ces variétés locales sont naturellement plus résistantes à la sécheresse et aux fortes chaleurs, un atout crucial pour l’avenir du vignoble. C’est une technique inattendue que les vignerons du Var explorent pour sauver leurs millésimes.
– Une quête d’authenticité : Ces cépages offrent des profils aromatiques uniques qui permettent aux vignerons de se démarquer et de proposer des vins avec une forte personnalité, loin de la standardisation mondiale.
– La préservation de la biodiversité : Cultiver ces cépages oubliés permet de maintenir un patrimoine génétique riche et diversifié, essentiel à la résilience et à la santé du vignoble sur le long terme.

En vous aventurant hors des sentiers battus, vous découvrirez que les cépages oubliés du Var sont bien plus qu’une curiosité. Ils sont le reflet d’un savoir-faire ancestral et la promesse de vins authentiques, complexes et parfaitement adaptés à leur environnement. La prochaine fois que vous choisirez un vin de Provence, osez demander un flacon issu de ces variétés ressuscitées. Vous pourriez bien faire une délicieuse découverte et soutenir par la même occasion les gardiens d’un héritage précieux.

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